11 mai 2017

Du docu dans vos oreilles #1 – Arte Radio

Du docu dans vos oreilles #1 – Arte Radio
Cet article fait partie du dossier Du docu dans vos oreilles

Après notre rubrique « Netflix & Learn », nous lançons « Du docu dans vos oreilles ». À l’heure du tout vidéo, on en aurait presque oublié qu’il se passe de très belles choses du côté de la radio et des nouveaux formats audio qu’Internet a fait émerger (les fameux podcasts). Non, non, les feuilletons radiophoniques ne sont pas morts ! Et croyez-nous, avec tous ces docus et fictions, vous aurez de quoi bingelistenner...

Pour le 1er article de ce dossier, on vous a préparé une sélection spéciale Arte Radio. La fine équipe de Sylvain Gire collabore avec de nombreuxes auteurices pour réaliser des créations originales. Ouvrez grand vos oreilles, on vous emmène dans leur univers décalé.

Chiffons vs Fichon – 7 min 18 s

Charly : Eh non, ce mini-documentaire ne parle pas de mode, mais de la gentrification du 18e arrondissement de Paris ! La question est abordée avec humour grâce à l’interview croisée du propriétaire du vieux bar de quartier Chiffons et de celui du nouveau restaurant « super tendance » Fichon. Le montage est excellent et provoque l’hilarité, tout en faisant passer un subtil message aux nouveaux habitants du quartier. C’est le 2e documentaire audio d’Hélène Carbonnel pour Arte Radio ; son 1er, tout aussi humoristique, se concentrait sur les tribulations d’un jeune homme sur Tinder.

Et là c’est le drame – 9 min 02 s

Charly : « Et là, c’est le drame » : cette phrase est devenue un gimmick et une blague pour se moquer du ton sensationnaliste des journalistes d’aujourd’hui. Mais d’ailleurs, pourquoi les journalistes télé parlent-iels tou·tes comme ça ? Victoire Tuaillon, ancienne apprentie journaliste au JT et autrice de ce mini-documentaire, nous raconte avec humour comment elle a dû trouver « sa voix ».

La révolution ne sera pas podcastée – 21 min 17 s

Charly :Olivier Minot est de toutes les manifs depuis 20 ans, mi-acteur, mi-observateur. Malgré la fin de ses illusions de jeunesse où il croyait vraiment que la révolte aurait lieu grâce à la manif, il n’a jamais cessé d’y retourner avec son micro pour capturer tout ce qu’il s’y passe. Parce que même si on perd tout le temps, cette désobéissance vaut le coup, non ?
20 ans de slogans, 20 ans d’espoir, 20 ans de tentatives de révolution, 20 ans de gardes à vue, 20 ans de solidarité, 20 ans de souvenirs, 20 ans d’échecs et de demi-victoires mais surtout 20 ans de résistance. Bienvenue en manif !
Ce documentaire très rythmé est un de mes préférés ; l’introspection d’Olivier Minot est touchante, et fera sûrement écho à tou·tes celleux qui décident encore de descendre dans la rue malgré les défaites annoncées (à tort ?). Pas étonnant alors que ce documentaire ait été salué par le prix Italia 2016 du documentaire radio.



2017 n’aura pas lieu – 35 min

Luna : « Un an de Nuit debout et de jours couchés » : pendant 35 minutes, Olivier Minot revient sur cet interminable mois de mars 2016, les débats, les actions, les espoirs et les désillusions.
Impliqué dans Radio Debout, il y a cru. Et puis, maintenant que 2017 a lieu, il s’interroge, et nous fait replonger dans l’ambiance des manifs, sur fond de Symphonie du Nouveau Monde d’Antonín Dvořák.

« La question à se poser, c’est pas de se dire pourquoi toi tu taggues une banque ; la question à se poser, c’est comment des cortèges de 14 000 personnes qui se déclarent anticapitalistes, […] systématiquement ne pètent pas toutes les banques ? »

Les braqueurs – 11 x 15 min – Série documentaire

TW : récits de tentatives de suicide

Charly : Ah, les braqueurs, ces criminels qui fascinent tant et que le monde de l’art n’a de représenter de façon glamour. Mais Pascale Pascariello a décidé de gratter cette image fantasmée pour dévoiler l’envers du décor du « métier » de braqueur.

Pour cela, elle a recherché d’anciens braqueurs qui avaient purgé leurs peines, et surtout qui n’avaient tué personne et qui étaient conscients de la gravité des faits et des violences psychologiques infligées à leurs victimes. François, Miki et Tito nous livrent ainsi leurs histoires sans tenter de les embellir ou de donner dans la nostalgie mégalo, dans une série en 11 épisodes qui n’en reste pas moins romanesque !

Trois parcours, trois raisons très différentes de commencer à braquer. Pour François, c’est la revanche d’un ado qui a grandi dans une famille d’altermondialistes fans de bio alors qu’il rêvait de bling-bling (ou du moins c’est ce qu’il aime raconter pour faire rire) ; Miki est plus proche de ce que l’on peut voir à la télé avec les histoires de « mafia » ; et puis il y a Tito, en grande détresse, pour qui braquer était juste une façon de se faire descendre par la police… Bref, oubliez tout ce que vous croyez savoir sur les braqueurs, et revivez la carrière de nos trois repentis, des débuts jusqu’à l’inévitable chute.

De guerre en fils – 6 x 12 min – Série de fiction documentaire

Charly : Pendant une dizaine d’années, François Pérache fait des recherches pour comprendre ce qu’il s’est joué lors de la mort de son grand-père policier en 1961, puisque personne ne veut en parler dans sa famille. Pourquoi a-t-il été visé par un attentat du FLN (Front de libération national, pour l’Algérie libre) ? Pourquoi lui exactement ?

Son enquête s’étale sur plusieurs années, au gré des pistes, des avancées et des déconvenues. Et puis, morceau par morceau, François arrive à reconstituer le puzzle de la mort de son grand-père, et révèle ainsi un pan de notre Histoire commune. Une Histoire qu’on aime trop souvent oublier, car elle met en cause l’État français et la police pour des actes horribles, en plein Paris, pendant la guerre d’Algérie.

L’histoire, l’enquête ; tout est réel et autobiographique, mais tous les personnages sont joués par des acteurs, d’où le terme de « fiction ». Le montage est d’une qualité rare : on suit François dans les dédales de son investigation, on fait des allers-retours dans le présent et le passé, et on regarde bien en face une facette peu reluisante de notre Histoire, encore beaucoup trop tue…

Pour aller plus loin : les goûters d’écoute à la Maison de la Poésie

Charly : Appréhender des documentaires audio n’est pas toujours simple ; généralement, quand on écoute la radio, on fait autre chose en même temps (conduire, travailler…), et dans une société de l’image, nous ne prenons pas forcément le temps ou nous n’avons pas l’habitude de nous arrêter vraiment sur ce que l’on écoute.

Une superbe façon de s’initier aux joies de l’audio, si vous habitez Paris, ce sont les goûters d’écoute d’Arte Radio à la Maison de la Poésie qui

Sylvain Gire, le directeur d’Arte Radio, s’improvise avec talent comme animateur et nous sélectionne 2 à 4 docus qu’on écoute dans le noir, assis·es confortablement dans les fauteuils de l’amphi ou carrément allongé·es au milieu des gros coussins sur la scène. Après chaque écoute, læ réalisateurice monte sur scène pour une interview avec l’animateur et une séance de questions-réponses avec les auditeurices. C’est toujours un superbe moment pour en apprendre davantage sur la genèse de l’idée de leur documentaire, leur choix de montage, et aussi connaître le rapport qu’iels entretiennent avec le format audio.

Bref, c’est vite devenu mon rendez-vous cosy mensuel. Un petit conseil : pensez à réserver, les places partent vite !

Infos pratiques :

  • Chaque 1er ou 2e dimanche du mois à la Maison de la Poésie.
  • Accès : passage Molière, 157 rue Saint-Martin, Paris 3e.
  • Prochaines sessions : dimanche 14 mai et dimanche 11 juin à 17 h.
  • Réservation sur le site de la Maison de la Poésie ou sur place.
  • Tarif : 5 € (+ 1 € de frais de réservation).

Bonne écoute !