
Pressé·es d’être à Halloween ? Pour patienter en profitant d’une ambiance digne des plus grands films d’horreur des eighties, rendez-vous à Lyon les 21 et 22 octobre 2016 pour la deuxième édition du Synthzilla !
C’est quoi le Synthzilla ? Le Synthzilla, c’est un festival autour du genre synthwave [1] créé en 2015 par l’association Kaiju Masqué, présidée par Pauline. Il se compose d’un évènement autour du jeu vidéo et d’une soirée de lives. Surnommée « the Duchess of Synthwave » par certains des artistes, c’est Pauline qui a créé le festival de toute pièce ! En effet la scène synthwave, bien qu’ayant un public passionné, est très peu représentée en France, ce qui explique sans doute l’engouement soulevé par la première édition du festival, gratifiée d’un sold-out [NDLR : c’est-à-dire que toutes les places ont été vendues].
Mais laissons la Duchesse en parler elle-même !
Alors très rapidement, je suis Pauline, j’ai 26 ans et je suis une ancienne journaliste spécialisée dans le jeu vidéo. Je suis aussi du genre fangirl ultime, j’aime le rose, les paillettes et Satan. Je suis féministe, queer et je milite du côté bodyposi de la Force !
Je suis aussi la créatrice du Synthzilla Festival, le premier festival français (on m’a même dit européen mais bon, je ne veux pas m’emballer) dédié à la synthwave.
C’est une histoire un peu ridicule. En tant que fangirl, j’ai été amenée à voyager, à traverser des pays pour aller à un concert. Oui, j’assume, c’est le pouvoir de l’amour ! Je suis allée comme ça à Helsinki ou encore dans le fin fond de la campagne suédoise, tout ça pour une heure de show. J’ai aussi vu certain·es de mes artistes préféré·es plus de quarante fois… Bref, quand j’aime, je ne compte pas, mais ça commençait à devenir compliqué financièrement de pouvoir bouger partout.
Un matin de février 2015, je me suis réveillée et je me suis dit : « Si c’est ça, je vais créer un festival. »
J’avais en tête des artistes très précis à faire venir, au final je ne les ai pas encore programmés mais je ne démords pas sur la question. Mais voilà, un mois plus tard, j’étais prête à annoncer le festival. Ça a été compliqué car je n’avais jamais organisé d’évènement comme ça, ni même jamais été dans une asso…
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Je travaille majoritairement seule. J’ai un associé, qui a été principalement un partenaire financier pour l’année passée. Je reçois aussi de l’aide extérieure ponctuelle, je collabore avec des artistes… J’avais un peu de mal à dire « Je fais ça toute seule »
à la base, car je ne me trouvais pas légitime en tant que super rookie pour prétendre faire un tel truc seule, mais… à un moment… la réalité est que je fais le taxi, les sandwichs, la maman de substitution pour les artistes, je distribue des flyers, j’établis des contrats, je fais de la comm’, je suis décisionnaire sur tout… Bref oui, je travaille seule. Avec les contraintes que ça a.
En tant que femme et en tant que fan, oui. J’ai plusieurs fois entendu l’année passée qu’être une fan me causerait du tort, qu’on ne pouvait pas attendre d’une fangirl qu’elle soit professionnelle (dois-je préciser que ce sont des hommes qui m’ont dit ça ?). On m’a traitée d’hystérique, de castratrice, j’ai même entendu des rumeurs comme quoi je couchais avec mes artistes et que c’est comme ça que j’avais constitué mon line-up 2015. On m’a aussi déjà demandé à parler « au producteur » alors que je me présentais comme la directrice de l’évènement. J’ai presque envie de dire que c’est la base et que je ne suis pas étonnée. J’ai aussi l’impression qu’on m’attend forcément au tournant : à quel moment je vais déconner, à quel moment un homme musclé viendra sauver le festival, etc.
Après, je viens du jeu vidéo, j’ai vécu « pire » et franchement ça reste correct par rapport à des témoignages de productrices d’évènements musicaux (plutôt dans le milieu hardcore) que j’ai pu lire. Il y a aussi tous ces mecs avec qui je travaille qui se permettent des familiarités du genre « ma puce »
, « ma belle »
ou qui me font des blagues de cul. J’aime bien les imaginer faire les mêmes à un grand métalleux du coup, histoire de dédramatiser.
Ce que j’ai moyennement apprécié, c’est de découvrir que des mecs souhaitaient faire une « succursale » parisienne du festival. J’ai recadré assez vite : 1) c’est mon projet, 2) aucun homme ne sera à la tête de ce projet, 3) je suis assez open et facile à contacter pour qu’on puisse me proposer des projets. Je sais qu’il y en a que ça emmerde que ça soit une « fille comme ça » (comme quoi d’ailleurs ?) qui ait lancé le festival. La synthwave c’est quand même 99 % d’artistes masculins, une esthétique eighties entre bimbos blondes qu’on étripe et androïdes sexy armées jusqu’aux dents, le public vient du metal, de la scène geek… je sais que j’irrite un peu !
Affiche de la programmation 2016 de Synthzilla.
Difficile de pas être contente de la 1re édition, car malgré le côté plan B et DIY, on a fait sold-out. Les artistes étaient super contents, le public aussi, ça m’a montré que ce n’était pas en vain, que j’étais capable de réussir un projet comme ça… Que de l’amour.
Joker ! Aucune idée. On verra comment se passe la 2e édition. On me pose beaucoup de questions sur la suite, mais j’aimerais rester concentrée sur la 2e. Si la 2e est foirée, il n’y a pas de 3e, ça veut dire que je fais un prêt pour éponger le tout, bref c’est pas rien.
Qu’on nous ait défoncé la voiture de location qu’on avait. C’était Halloween, c’était sûrement drôle, ça m’a coûté ultra-cher.
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J’ai pas « un » meilleur moment, y en a plusieurs. Mais j’avoue que quand Carpenter Brut est monté sur scène l’année passée, j’ai été super émue car c’est un de mes groupes préférés. Là en septembre, j’ai aussi été très émue d’apprendre qu’entre eux, les artistes se disaient du bien de mon travail.
Le Perv de Carpenter Brut. Et je maudis quiconque dira le contraire.
Festival créé par une fan pour les fans, le Synthzilla nous promet encore de grands moments pour sa seconde édition ! La soirée principale se déroulera à Bron le 22 octobre 2016 avec un line-up impressionnant. Il reste encore quelques places sur la billetterie en ligne, profitez-en !
[1] La synthwave, c’est quoi ? De la musique électronique rétro-futuriste qui puise son inspiration dans la new wave et la culture du cinéma d’horreur des années 1980 (les films de John Carpenter sont très souvent cités comme inspirations, tant pour leur bande originale que pour l’esthétique visuelle). Elle mélange synthés eighties, batterie et guitares metal pour donner une musique qui a fait le succès de jeux vidéo comme Hotline Miami.