
Nous vous présentons un nouveau format sur Simonæ, la Ressourcerie ! Il s’agira, une fois par mois, de partager ce qui nous aide à réfléchir, à nous déconstruire. Que vous soyez féministe, à la recherche d’informations pour interroger vos privilèges ou bien de ressources pour faire face aux oppressions systémiques que vous vivez, cette série d’articles est faite pour vous ! Bien entendu, la Ressourcerie n’est pas exhaustive, au contraire ! Elle a vocation à être enrichie par nos nouvelles découvertes et vos recommandations, alors n’hésitez pas à étoffer nos listes en commentaires !
Ce mois-ci, nous vous proposons de démarrer cette nouvelle rubrique en grande pompe avec des sites Web variés et indépendants (blogs, webzines, collectifs…) dont le but est de proposer une réflexion sur des sujets de société et d’interroger les clichés et notions problématiques que l’on nous inculque dès notre plus jeune âge… Vous l’aurez compris, si vous appréciez les contenus de Simonæ, il y a de fortes chances que vous trouviez votre bonheur et bien plus encore dans cette Ressourcerie !
Lorsque l’on arrive sur le site Atoubaa, on est d’abord frappé·es par l’esthétique très travaillée de la revue. Pas étonnant, puisque la plateforme est pensée comme une galerie virtuelle, mettant en avant le travail artistique et culturel de femmes noires. Au programme : des portraits d’autrices, photographes, réalisatrices, etc., afrodescendantes, mais également des tribunes, des podcasts, des interviews et des créations littéraires.
« Si l'inconscient collectif français éprouve quelques difficultés à envisager la réalité noire autrement que par le prisme réducteur de la comédie ou du drame misérabiliste sur fond de banlieue ou d'immigration, le premier parti pris de ces réalisatrices est de refuser catégoriquement d'alimenter et de divertir ces imaginaires hérités de l'époque coloniale. Elles constituent ainsi un cinéma à partir du matériau qu'est le réel, un réel qu'elles incarnent et dont elles sont les meilleures narratrices. »
Extrait de « Diop, Doucouré, Gay : les réalisatrices noires imposent leur regard »
Noémie Renard définit son site Antisexisme.net comme « un blog féministe pour déceler les mécanismes sexistes qui maintiennent les inégalités entre femmes et hommes »
. Elle y déploie des articles fouillés de grande qualité, sur des sujets touchant à la sociologie, comme la culture du viol, l’objectivation sexuelle ou les injonctions liées au genre. Son but ? Briser les clichés, en analysant les mécanismes qui les créent et les encouragent.
Un blog passionnant et riche (certains sujets sont développés sur douze articles !). À noter : si vous appréciez son blog, n’hésitez pas à vous plonger dans son livre, En finir avec la culture du viol (12 €, aux éditions Les Petits Matins), qui prolonge sa réflexion sur le sujet et offre de nombreuses clés de compréhension.
« En effet, la «beauté» qu’on requiert des femmes n’est pas quelque chose de neutre politiquement. Les pratiques de beauté ne sont pas seulement pénibles ou anxiogènes : elles peuvent être analysées comme des actes de subordination, comme une sorte de génuflexion collective face au pouvoir masculin. Celles qui ne participent pas à cette génuflexion collective, de manière consciente ou non, en ne se pliant pas aux pratiques de beauté et en laissant leur corps au naturel sont jugées «laides», comme toutes celles qui ont, de tout temps, mis à mal le pouvoir patriarcal (par exemple, les sorcières qui ont été massacrées de la Renaissance jusqu’au XVIIe siècle). Comme le dit Naomi Wolf dans The Beauty Myth, «Le mythe de la beauté consiste toujours à imposer une conduite, pas une apparence». On pourrait préciser : un comportement de subordonnée. »
Extrait de « L’impuissance comme idéal de beauté des femmes – Introduction »
BA(F)FE est une grande base de données féministe qui fonctionne comme un portail. Si vous cherchez un article sur un thème en particulier, c’est là que vous le trouverez. Simple, efficace, indispensable.
Le titre de ce blog contient déjà son postulat : « Le cinéma et les séries télévisées sont un des lieux privilégiés où s’élaborent et se transforment les normes qui façonnent nos représentations et nos vies. »
Le terme politique est ici à prendre dans son sens le plus large, car les rédacteurices tiennent à mettre en lumière, à travers leurs chroniques, les rapports de domination qui relèvent notamment du sexisme, du racisme, de l’hétérosexisme, etc. En clair, lorsque l’on a dévoré toutes les critiques de ce blog, on est certain·es de ne plus pouvoir regarder de films ou de séries comme avant, tant on y reconnaît les problèmes travers de notre société.
« On peut résumer en une phrase l’idée sexiste véhiculée par ce trope : une femme a beau être extraordinairement compétente, intelligente, forte, etc., elle sera toujours moins digne d’intérêt qu’un homme. En effet, ces films opposent le plus souvent un homme ordinaire à une femme extraordinaire, pour finalement faire de l’homme le héros de l’histoire. L’idée sous-jacente est donc que les hommes ont de la valeur du simple fait d’être des hommes (même s’ils n’ont aucun talent particulier), et que les femmes ont toujours moins de valeur que les hommes, même lorsqu’elles sont exceptionnellement talentueuses. »
Extrait de « 10 films pour comprendre le syndrome Trinity »
Le projet Deuxième Page est décrit par ses créatrices comme « un magazine culturel participatif, intersectionnel, féministe, engagé et résolument ouvert à la culture émergente »
. Dans ce webzine participatif, vous trouverez donc des articles sur des sujets culturels variés touchant à la littérature, au cinéma ou encore aux arts visuels, sous des formats très différents – ce qui fait la force du site. Deuxième Page fourmille en effet d’idées et de façon de les présenter : vidéos, tribunes, récits de fiction… Il y en a pour tous les goûts. Leur bonne idée ? Comme les Ourses à plumes, Deuxième Page propose une revue de presse féministe mensuelle, très pratique pour ne rien rater de l’actualité militante. Le plus : un très joli site sur lequel il est facile de naviguer.
« Diana Prince est un exemplum de femme vertueuse, à la manière d’Élisabeth Ire, figure immaculée rappelant la Vierge Marie, mais en même temps puissante et intrépide dans sa résistance à la domination masculine. Dans son livre Fantasies of Female Evil: The Dynamics of Gender and Power in Shakespearean Tragedy, Cristina León Alfar explique que la reine assumait publiquement deux persona distinctes : la femme vertueuse passive, et le «roi» impitoyable. Les associations genrées stéréotypées sont ici déontiques : le féminin équivaut au passif, le masculin à l’action.
Diana incarne un diptyque archétypal similaire, entre force identifiée comme masculine, et compassion comme féminine, héroïque et douce à la fois. Elle figure ainsi une vision binaire du monde, à l’image de notre société hétéronormée, où l’entre-deux deviendrait soudainement problématique. »
Extrait de « Wonder Woman, et les limites du féminisme marketé »
Si vous n’avez pas déjà dévoré tous les articles d’Emma, son nom doit sûrement vous être familier car elle s’est fait connaître sur les réseaux sociaux il y a un an avec sa fameuse BD sur la charge mentale. Depuis, Emma n’a pas arrêté de mettre en images ce qu’elle appelle des « trucs pour réfléchir »
. Du statut des cheminots au harcèlement sexuel, en passant par une réflexion sur la place du travail dans la société, elle aborde chaque sujet de manière pédagogique grâce à des phrases courtes et efficaces et un dessin sans fioritures. Franches et directes, ses planches, qui se basent pour la plupart sur son histoire personnelle, détricotent les préjugés et questionnent nos acquis les plus fondamentaux. À mettre entre toutes les mains.
« Pour savoir si vous occupez un boulot à la con, c’est très simple : imaginez qu’il disparaisse, et demandez-vous l’impact que cela aurait sur la société. Je me suis posé la question : j’ai passé mes 12 années de carrière à développer des logiciels permettant à des entreprises d’être plus compétitives que leur voisine. Et puis après, comme j’étais prestataire, j’allais développer le même truc pour l’autre. J’aurais pu passer ces 12 années de travail à jouer à la crapette, sans que l’humanité bouge d’un poil de cul. »
Extrait de « Travaille ! (pourquoi ?) »
Cette page Facebook a pour but de « réunir, partager, diffuser et archiver l'information presse transgenre francophone, genre non conforme et autres représentations de genre »
. Surtout, chaque article partagé sur cette page passe au travers d’une grille d’analyse avec une notation, qui va de « respectueux + »
à « transphobe + »
. Les trigger warnings sont indiqués. Cette page est indispensable pour se rendre compte à la fois de la transphobie ordinaire dans la presse et des bonnes pratiques quand elles sont présentes.
Femmes plurielles est le magazine des Femmes prévoyantes socialistes, un mouvement belge « féministe, progressiste, laïque et mutualiste »
. Il propose des articles engagés et variés, toujours rigoureux et documentés. Les rédacteurices prennent soin de noter à chaque fois toutes leurs sources : un article nous mène souvent à une dizaine de pistes de lecture différentes ! On y trouve également des sujets d’actualité et des présentations d’évènements, livres, podcasts, etc. Un magazine très complet.
Le truc en plus : la très bonne chronique BD de Marine Spaak (Dans mon tiroir), dans laquelle l’illustratrice traite avec justesse des oppressions faites aux femmes.
« Il semblerait qu’on n’attende pas seulement des femmes qu’elles soient belles. On voudrait qu’elles se donnent du mal pour y parvenir. D’après Naomi Wolf, auteure et consultante politique américaine, «le mythe de la beauté consiste toujours à imposer une conduite, pas une apparence». »
Extrait de « Souffrir pour être belle »
Dans son blog militant, João axe sa réflexion autour des thématiques de l'afroféminisme, du panafricanisme, de la lutte des classes, etc. Militant décolonial, il aborde des sujets comme la place des DOM-TOM, des mouvements indépendantistes guadeloupéens, l’histoire de la lutte des Antilles… Il réfléchit également sur le genre et les masculinités noires (criminalisation, hypersexualisation, animalisation), et sur les questions en lien avec la transidentité.
« Commémorer «l’abolition», surtout telle qu’elle est pensée en France, c’est à dire, l’histoire abolitionniste européenne ne m’intéresse pas. [...] Seules les luttes de mes ancêtres valent des commémorations. [...] De plus, en quoi aurions-nous quoique ce soit à commémorer avec la République française qui continue de nourrir des relations coloniales, sous des formes renouvelées et plus ou moins pacifiées (mais de domination quand même) avec ce qu’on appelle «l’outre mer», et qui continue son pillage et sa mainmise criminelle sur l’Afrique ? [...] comment commémorer l’abolition d’un crime précis (l’esclavage atlantique) alors que le principe colonial plus général qui lui a donné sa forme historique spécifique perdure ? »
Extrait de « Esclavage et débat autour des dates de commémoration de l’abolition : sortons de la tutelle de l’État français »
Kiyémis est une militante, autrice et poètesse afroféministe. Sur son blog, elle parle de racisme, de sexisme, d’intersectionnalité, de grossophobie. Elle est également rédactrice chez Atoubaa, média dédié aux femmes noires francophones et chez le webzine culturel Deuxième page. Elle a écrit dans nos colonnes lors du lancement du magazine.
« Ainsi, on voit que la rencontre des colons européens avec les femmes noires cimentent les stéréotypes de genre occidentaux et les alimentent : les femmes noires ne sont pas vues comme des femmes car elles sont vues comme plus fortes et leurs cheveux crépus ne sont pas des vecteurs de féminité. Cette remise en cause de leur féminité, voire même leur masculinisation, ouvre la porte à une totale déshumanisation : la présupposée force des femmes noires devient une justification pour des mauvais traitements, tortures et poursuite de l’esclavage . Comme l’expliquait l’activiste abolitionniste Sojourner Truth dans son texte Ain’t I a Women en tant que femme noire, elle n’était pas vue comme un objet fragile, à protéger : cette expérience du genre ne s’adresse ainsi qui à un nombre limité de personnes. »
Extrait de « De toute façon, toi tu ressembles à Ngolo Kanté »
Tenu par des journalistes professionnel·les, Komitid est un site d’information qui traite des questions touchant les personnes LGBT+. Entre sujets d’actualité et articles de fond, ce magazine de qualité aborde un grand nombre de thématiques et aucun·e évènement, festival ou nouveauté ne semble passer sous leur radar ! Le plus : iels n’hésitent pas à élargir leur ligne éditoriale avec, par exemple, des articles sur la représentation des personnes noires dans l’art ou des critiques de bandes dessinées. Comme un certain nombre de médias web, Komitid a choisi un modèle économique spécifique, sans publicité, et s’appuie dès lors sur la participation de son lectorat ; l’accès aux articles se fait donc majoritairement via la souscription d’un abonnement payant.
Lallab est un magazine et une association mis·es en place pour faire entendre les femmes musulmanes, qui « choisissent en toute liberté les armes de leur émancipation ». Les auteurices y parlent des questions de société liées aux femmes et au monde musulman·es, bien sûr, mais aussi de problématiques féministes plus larges touchant aux agressions sexuelles, à la grossophobie, etc. N’hésitez pas à les suivre sur les réseaux sociaux, iels organisent et participent à de nombreux évènements, le plus souvent sur Paris, (festivals, tables rondes, etc.) !
Extrait d'une trilogie d’articles qui répond à la question de Manuel Valls (en réalité, une énième attaque contre le voile) : « Mais, enfin, qu’est-ce que c’est que cette idée que les cheveux, le visage et le corps d’une femme seraient impudiques ? »
« Valls et tou·tes les autres, accordons-nous simplement sur le fait que la laïcité n’a rien d’un label qui garantit l’égalité de traitement d’une société entre les corps des femmes et ceux des hommes. Enfin, il existe une différence essentielle entre les oppressions systémiques qu’une société impose et le choix des individu·es. Et par conséquent, se battre contre les inégalités de traitement entre les genres dans la loi, dans le monde du travail ou dans les représentations médiatiques, ce n’est pas se battre contre une pudeur ou une exhibition individuelle, même lorsqu’elle est basée sur le genre. D’ailleurs, qui des deux est le plus impudique ? Celle qui couvre ses propres cheveux, ou celui qui lui demande pourquoi ? Est-ce qu’on vous demande, nous, ce que vous cherchez à cacher sous votre barbe récente ? »
Figure française du militantisme afroféministe sur Internet, Mrs Roots tient son blog du même nom depuis six ans. Elle a commencé à y parler littérature afro puis, de plus en plus, de représentation, de questions de société, d’afroféminisme, de misogynoir, etc. Mrs Roots, c’est donc une véritable mine d’or de critiques et de conseils de lecture autour d’auteurices afrodescendant·es, mais aussi d’outils pour comprendre les oppressions subies par les femmes noires, en France et ailleurs. Peut-être la connaissez-vous plutôt sous son vrai nom, Laura Nsafou, sous lequel elle a notamment signé, en 2017, Comme un million de papillons noirs, prochainement réédité par les éditions Cambourakis.
« Alors, certains vont se demander «ouais, ok, mais pourquoi tu parles d’un trait d’union pour fournir une critique sur la lecture occidentale des féminismes ?» Eh bien, tout simplement parce que les mots sont importants ; et que le mot «afroféminisme» s’ancre dans un contexte occidental qu’il est important de questionner, également. J’en avais parlé déjà ici, il y a une dépolitisation à présenter l’afroféminisme comme quelque chose de «non agressif», «intéressant», «fun» et même si notre swag est incontestable *flips afro in the air* ; nous sommes depuis quelques années dans un processus où les non-femmes noires++ sont plus préoccupés à nous nommer qu’à voir ce qu’il y a derrière. Pas que cela soit grave – parce que la productivité des afroféministes a fait ses preuves depuis longtemps – mais dans une démarche de transmissions, il me semble important, en tant qu’afroféministe, de cibler de manière pédagogique la complexité d’un mouvement présenté comme un bloc. »
Extrait de « «Afro-féminisme» n’est pas Afroféminisme »
Mwasi est un collectif afroféministe créé en 2014 par « un groupe d’Africaines et afrodescendantes qui ressentaient le besoin de fédérer, d’échanger et de s’exprimer sur les questions liées aux femmes [et personnes transgenres] noires »
. Simplement parce qu’iels ont décidé de s’organiser et de créer iels-mêmes des initiatives qui leur sont dédié·es, Mwasi a fait parfois l’objet d’attaques de politicien·nes français·es, souvent rattaché·es à l'extrême droite mais pas seulement.
« La non-mixité est un outil militant déjà ancien. [...] Les accusations d’être ségrégationnistes montrent bien l’incompréhension des gens autour du fait que la non-mixité n’est pas un objectif, mais un outil, qui s’est construit sur des décennies d’expertise militante et de réflexion sur l’efficacité des différentes luttes. Toute personne qui a un jour voulu s’impliquer dans ces militantismes peut se rendre compte rapidement que ces espaces, qu’on croirait être enfin des espaces d’expression des minoritaires concernés par ces oppressions, restent souvent des espaces définis et contrôlés par les majoritaires. C’est pour cette raison que des associations comme la LICRA, SOS Racisme et autres n’apprécient pas vraiment qu’on leur fasse des remarques sur la couleur étrangement très uniforme de leurs instances dirigeantes. La confiscation des luttes politiques aux concerné·es est un mouvement historique et systématique, par le système dominant pour se protéger, en sapant les mouvements de contestation à la racine. Dépolitiser le discours, imposer le point de vue blanc et majoritaire sur les questions, imposer le ressenti, les enjeux des hommes dans le féminisme, etc. »
Extrait de « Festival NYANSAPO : Avoir l’audace d’être une organisation noire politique et autonome »
Derrière ce nom étrange se cachent les nombreuses plumes qui constituent ce magazine féministe intersectionnel. Les Ourses à plumes n’hésitent pas à aborder une pluralité de sujets : critiques culturelles, questions de société et de représentation côtoient présentations d’évènements politiques, interviews et sujets d’actualité. Iels s’inscrivent à la fois dans les luttes contre « le sexisme, le racisme, la lesbophobie, la biphobie, la transphobie, et l’handiphobie, et dans la lutte de classes »
.
On recommande également leur enquête très intéressante et plutôt complète sur le mouvement féministe aujourd’hui :
« De cette enquête, nous pouvons tirer cette conclusion : le paysage féministe français est en pleine ébullition, mais manque encore d’organisation et de moyens pérennes. La dynamique actuelle et la diversité des actions menées nous laissent toutefois espérer la construction d’un mouvement féministe fort. Une 3e vague ? »
Laurier (que vous avez sûrement déjà vu passer dans les pages de Simonæ) est un homme transgenre qui a lancé il y a un an le projet ReconnaiTrans. Son postulat est simple : faire reconnaître la transphobie, l’enbyphobie et le cissexisme que vivent au quotidien les personnes transgenres. Par le biais de la bande dessinée, Laurier retranscrit en images des témoignages anonymes de personnes transgenres ou non binaires évoquant des remarques ou situations violentes qu’iels ont connu·es. Pourquoi c’est bien ? Parce que le talent de Laurier ne réside pas seulement dans son dessin : en mettant en lumière les ressentis des victimes, il démontre pourquoi telle phrase ou tel acte, qui pour certain·es peuvent sembler anodin·es, sont en réalité humiliant·es pour les personnes concerné·es. Le plus : le format BD très agréable et rapide à lire.
Roseaux est un webzine féministe créé en avril 2017. À l’instar de Simonæ, il laisse la parole aux concerné·es. On apprécie leur récap’ mensuel sur « ce qu’il s’est passé ce mois-ci dans le militantisme »
, utile pour celleux qui n’ont pas pu suivre en détail l’actualité militante.
« De façon un peu plus concrète, une femme noire va subir selon les jours et les situations parfois du racisme, parfois du sexisme. Et souvent les deux en même temps. Prenons l’exemple de la sexualité, qui est toujours très révélateur des discriminations à l’œuvre dans une société. Là où un homme noir va être, dans une dynamique raciste, animalisé – on va vanter ses muscles, son corps puissant, son endurance, autant qu’on va le catégoriser comme agresseur potentiel de toutes les femmes qui se trouveraient sur son chemin – une femme noire sera considérée dans l’imaginaire collectif un peu autrement.
Elle aussi sera animalisée, par exemple avec des comparaisons : «tigresse», «lionne», etc. Mais elle sera également ramenée à son genre et par là victime de sexisme : étourdie, irresponsable, pas très intelligente, superficielle, etc. On peut également penser au cliché des femmes africaines à la progéniture innombrable et donc incapable de conceptualiser la contraception (coucou Macron !) : on retrouve dans ce cliché une dimension raciste – les Noir·es, ces personnes sous-évoluées – et une dimension sexiste – les femmes, ces êtres faibles et étourdis incapables de contrôler leur fertilité. »
Extrait de « Kimberlé Crenshaw, l'intersectionnalité et le féminisme français »
Dans les tuyaux pour les prochains mois : les chaînes YouTube et comptes Twitter militant·es à suivre, les violences médicales, la nécessité d’une bonne représentation dans les médias… stay tuned ! D’ici là, n’hésitez pas à partager vos recommandations en commentaires, nous irons y jeter un coup d’œil !