13 mars 2017

Le roller derby, des origines à la pratique en club

Le roller derby, des origines à la pratique  en club

Le roller derby est un sport féminin de glisse et de contact. Mais au-delà du sport en lui-même, il propose de nombreuses valeurs qui le rendent unique et merveilleux.

Les origines du roller derby

Le roller derby est né aux alentours de 1940. À l’époque, il se pratiquait sur une piste inclinée, avec des patins à roulette à quatre roues, appelés roller quads ou roller skates (en opposition aux rollers en lignes, roller blades). Le roller derby avait un certain succès notamment à la télévision, où les matchs étaient diffusés sur la New York Television dès 1948.

Photo de 1944, très différent du roller derby actuel (Chronicle archives).

Au fil du temps, ce derby s’est progressivement transformé. L’aspect spectaculaire et théâtral a progressivement pris le pas sur l’aspect athlétique, le sport s’est essoufflé et a perdu de sa popularité.

C’est au début des années 2000 que le sport est revenu en force, à Austin au Texas. Le roller derby moderne est géré par des femmes. C’est d’ailleurs en 2004 que s’est formée la WFTDA : Women Flat Track Derby Association. C’est donc sur piste plate que le roller derby se pratique maintenant, avec aujourd’hui plus de 2 000 ligues (clubs) dans le monde. Et c’est la WFTDA qui gère et publie les règles et ses mises à jour.

Le roller derby aujourd’hui

Le roller derby se pratique sur une piste plate de forme ovale. C’est un sport de contact, où les équipes de joueureuses s’affrontent pendant un match de 60 minutes (en deux périodes de 30 minutes, composée de mini-périodes appelées « jams » qui peuvent durer jusqu’à 2 minutes).

Sur la piste, il y a 5 joueureuses de chaque équipe : 4 bloqueureuses et 1 jammeureuse (qui porte une étoile sur son casque). Le but, c’est de terminer le match avec plus de points que l’autre équipe. Une équipe marque un point à chaque fois que saon jammeureuse dépasse un·e bloqueureuse adverse. Ainsi, les deux jammeureuses essaient de se frayer un passage et de faire des tours en doublant à chaque fois les 4 bloqueureuses adverses. La mission des bloquereuses est d’empêcher læ jammeureuse adverse de passer, et même d’aider saon propre jammeureuse à sortir du tas.

Toutes les deux minutes maximum (durée d’un jam), il y a un interjam de 30 secondes, et on change des joueureuses sur la piste (il y a 14 joueureuses dans une équipe et 5 sur la piste, c’est à ce moment-là qu’on se relaie).

C’est un jeu très stratégique. On va pouvoir éjecter un·e joueureuse adverse de la piste, et faire en sorte qu’iel reste hors du jeu le plus longtemps possible. Les bloqueureuses peuvent se mettre en formation pour être un mur difficile à franchir. Les stratégies évoluent beaucoup. Ainsi, le roller derby de cette année se joue différemment du roller derby d’il y a un an. On s’inspire de ce que l’on voit aux championnats WFTDA, de ce que l’on vit en match, et le sport se réinvente de saison en saison.

Les matchs de championnats WFTDA sont disponibles sur leur chaîne YouTube.

Esprit du sport

Il y a une citation qui définit très bien le roller derby : « Pour les joueureuses, par les joueureuses » (« By the skaters, for the skaters »). La plupart des ligues appartiennent aux joueureuses et sont autogérées. Cet aspect-là permet une grande liberté aux pratiquant·es, et le DIY devient donc indispensable pour que tout s’articule bien. Ce sont les joueureuses qui organisent les matchs, elleux qui réunissent les arbitres, elleux qui gèrent le côté administratif de leurs ligues, elleux qui doivent trouver des lieux d’entraînement, elleux qui tracent leurs pistes avec du scotch et de la corde acheté·es avec l’argent qu’elleux ont collecté. Ce sont elleux qui gèrent le coaching et qui se forment en tant qu’arbitres.

Cela peut aller beaucoup plus loin encore : par exemple dans notre ligue, le samedi avant l’entraînement nous nous réunissons souvent pour bricoler. Nous avons donc construit nos vestiaires, nos tabourets, nos étagères. Tout cela en palettes, devant les yeux des promeneureuses, nombreuxes sur le créneau. Une bande qui bricolent entre elleux, qui conçoivent entre elleux, qui décident entre elleux.

Ce dont vous avez besoin

Vous avez peut-être une équipe de derby pas loin de chez vous (liste des ligues de roller derby en France). Vous pouvez déjà repérer les moments où iels s’entraînent (vous pouvez leur demander si vous pouvez assister à un entraînement) et identifier leurs périodes de recrutement. Pour certaines ligues c’est en septembre uniquement, pour d’autres c’est toute l’année.

En tout cas, ce n’est pas la peine de paniquer avant de commencer parce que l’on ne sait pas bien ou pas du tout patiner. Tout le monde débute à un moment ou un autre. Par exemple, plusieurs joueureuses qui ont tout juste commencé cette année bottent déjà des fesses aujourd’hui.

Il vous faudra :

  • Des rollers quads pour le derby (pas de talonnette).
  • Des protections (casque, protège-genoux, protège-coudes, protège-poignets, protège-dents). Attention, les protections vendues en magasin de sport généraliste ne vont pas convenir, elles ne sont pas assez grosses et résistantes. Il vaut mieux s’orienter vers un skate shop.
  • Des chaussures de sport : tout ne se fait pas à patins, l’échauffement et le renforcement musculaire se font en baskets.
  • Un derby name ! C’est ce qui va vous occuper l’esprit jour et nuit quand vous devrez le choisir (et choisir votre numéro de joueureuse). Ce n’est pas une obligation, mais il est habituel de choisir un nom avec un jeu de mot, badass ou non. Cela permet de se faire un alter-ego derby. On laisse tous les soucis du quotidien hors de la salle, et on devient la version roller derby de soi-même quand on joue. Vous pouvez retrouver une liste non officielle des derby names français en suivant ce lien.

À savoir avant de se lancer

Quand vous allez contacter votre ligue locale, n’hésitez pas à vous renseigner sur les exigences d’implication associatives et sportives qui sont en place pour cette équipe. Certaines ligues seront orientées uniquement pour faire de la compétition, alors que d’autres vont proposer la possibilité de pratiquer pour le loisir. En compétition, on peut vite atteindre la dizaine d’heures d’entraînement par semaine.

Et cela sans compter tout l’aspect associatif. Rechercher des salles, préparer des gâteaux pour la buvette des matchs, organiser les entraînements, trouver des arbitres… Lorsque tout cela s’accumule, cela peut devenir difficile à gérer.

Donc avant de vous lancer, prenez le temps d’identifier si la ligue que vous visez est compatible avec ce que vous pouvez donner.

Les joueureuses seront tout à fait aptes à vous donner cette information, puisque c’est un aspect du roller derby que nous connaissons tou·tes.

Rapport au corps

Je vais parler de manière très personnelle ici. C’est grâce au roller derby que j’accepte et aime aujourd’hui mon corps tout entier. Chaque centimètre carré de moi représente une force sur la piste. Ces centimètres de tour de hanches sont d’autant plus difficiles à passer pour les adversaires. Cet os pointu qui dépasse est très dissuasif pour l’équipe d’en face.

Les injonctions sur le corps des n’existent pas ici. Il y a des joueureuses poilu·es, au crâne rasé, tatoué·es, ou sans le moindre piercing ou encre sous la peau. Et tout va bien. Je ne vais même pas dire que l’on s’en fout, ce n’est pas vrai : cette liberté est célébrée et défendue.

Roller derby et genre

Les personnes non binaires et les femmes trans sont bienvenu·es dans les ligues de roller derby.

Le roller derby masculin existe, mais largement minoritaire en nombre de pratiquants. C’est la MRDA (Men’s Roller Derby Association) qui gère cela, et joue avec les règles établies avec la WFTDA. Les personnes trans et les personnes non binaires y sont également les bienvenu·es.

La popularité et le nombre de ligues connaissent une croissance exponentielle. Mais ce sport, en France du moins, n’est pas encore très reconnu. Il reste compliqué de trouver des salles pour s’entraîner et jouer des matchs. Même sans jouer, il est toujours possible de soutenir sa ligue locale en allant assister aux matchs.